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Libération
Interview

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publié le 10 décembre 2005 à 4h55

Chercheur au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof), Vincent Tiberj vient de publier Français comme les autres ? (Les presses de Sciences-Po), une enquête, réalisée avec Sylvain Brouard, auprès des citoyens français d'origine maghrébine, africaine et turque.

Quels sont les traits politiques propres aux Français d'origine immigrée ?

23 % des gens d'origine immigrée ne sont pas inscrits sur les listes électorales, contre 7 % pour les autres Français. Mais les naturalisés et leurs enfants expriment un vrai attachement aux institutions. Ils ont même un jugement beaucoup plus positif que le reste des Français sur le fonctionnement de la démocratie. Ils manifestent un grand légitimisme vis-à-vis de leur pays d'accueil.

Penchent-ils plutôt à gauche ?

Tout à fait. Ils sont 63 % à se classer à gauche contre 37 % pour l'ensemble de la population française. 25 % se disent «ni de gauche, ni de droite», contre 38 % de la totalité des Français. Et chez les gens d'origine immigrée, les artisans, professions indépendantes et professions libérales sont aussi, voire plus à gauche que les ouvriers, employés et chômeurs. Il y a chez eux un attachement très fort à la lutte contre les inégalités. Le politologue Michael Dawson a analysé le même phénomène chez les Noirs américains : il existe une bourgeoisie noire qui dispose de toutes les caractéristiques sociales pour voter républicain et qui continue de voter démocrate. Les citoyens d'origine étrangère votent davantage que les autre