Londres de notre correspondante
Six petits mois et la scène a changé radicalement. En juin dernier, Tony Blair pouvait apparaître comme l'homme fort de l'Europe, un leader réélu dans son propre pays, doté d'un troisième et historique mandat, face, notamment, à un président français vieilli et en perte de vitesse. Il était aussi celui qui proposait d'ouvrir grand les bras de l'Europe aux nouveaux membres, ceux de l'Est mais également la Turquie. Celui qui pouvait tenter de surfer politiquement sur l'échec du référendum en France.
Foudres. Le bilan est maigre : on peine à trouver quelque chose qui ressemblerait à un succès de la présidence de l'Union européenne par le Royaume-Uni. Le Premier ministre britannique, que les chefs d'Etat et de gouvernement ont retrouvé hier à Bruxelles, a perdu de son aisance. En proposant, il y a une dizaine de jours, un effort sur le montant de la ristourne consentie aux Britanniques depuis 1984, il donnait le sentiment d'être prêt à participer au coût de l'élargissement tout en démontrant à son opinion publique qu'il ne lâchait au fond pas grand-chose. Et pour cause, puisque cet effort n'empêcherait pas la ristourne accordée à Londres de croître mécaniquement en fin de période budgétaire jusqu'à un niveau de 7 milliards d'euros. Mais cette tentative de faire illusion hors de ses frontières, très légèrement aménagée il y a deux jours, tout en n'encourant pas les pires foudres au plan national, a fait long feu. «Cela va être dur, très difficile», a