Parmi les diverses attitudes d'esquive, la fuite en avant est la plus prisée par les esthètes à cause des gestes élégants qu'elle permet. Un exemple typique de cette astucieuse échappatoire peut être trouvé dans l'ardeur et le léger gâtisme avec lesquels on fait semblant de prendre quelques lycées des beaux quartiers parisiens pour mètre étalon d'un enseignement de qualité. Face à l'ampleur des questions, notamment pédagogiques, soulevées par les émeutes du mois dernier, ce prurit élitiste est du même tonneau que, à l'autre extrême de la réalité scolaire, la chasse à la «méthode globale qui rend dyslexique» (et sourd, c'est prouvé). «Tous en prépa !» est d'ailleurs un excellent mot d'ordre puisqu'on sait que les facs démunies fleurissent à l'ombre de ces fameuses classes préparatoires dont le développement a permis aux classes moyennes d'échapper aux conséquences de la massification de l'enseignement qu'elles soutiennent par ailleurs.
Il faut évidemment tout faire pour que les meilleurs élèves des quartiers défavorisés trouvent un enseignement qui permette à leurs talents de s'épanouir. Outre que c'est justice, cela favorisera l'émergence de profils individuels positifs dont la réussite rejaillira inévitablement sur tout le système d'enseignement et encouragera ceux qui ne font pas aussi bien qu'eux. Mais il ne suffira pas d'entrouvrir les portes de l'élitisme prétendu républicain aux cerveaux doués, mais pénalisés par les circonstances sociales, et d'envoyer les cancres turb