Johanna Dagorn vient de présenter sa thèse sur les phénomènes d'exclusion dans les collèges favorisés, fondée sur l'étude ethnographique, pendant trois ans, de trois établissements publics des beaux quartiers aquitains. Après avoir travaillé sur 222 enfants de milieux populaires scolarisés dans ces collèges, elle souligne les limites de la mixité sociale.
Qu'avez-vous découvert dans ces trois collèges?
Dans chacun de ces établissements, il y a une «culture maison», quelque chose qui relève de l'implicite, alors que dans les ZEP, la forte rotation des équipes induit une faible culture d'établissement. Ici, tout est tourné vers la norme d'excellence. Mais 10 % des enfants environ sont issus de milieux populaires. Leur taux de passage en seconde générale est bien inférieur à celui observé en ZEP. N'appartenant pas à cette norme d'excellence, ils sont rejetés. Géographiquement, ils n'occupent pas le centre de la cour de récréation. Le midi, ils ne participent pas aux jeux des autres ou aux ateliers comme la chorale. Certains deviennent même des boucs émissaires. Pour l'établissement, ils permettent simplement de se conformer à la mixité sociale.
Ces élèves ne tirent pas bénéfice de cette mixité ?
Ils n'ont pas les mêmes codes. Ceux qui sont conformes à la norme d'excellence peuvent chahuter, uriner dans les couloirs, mettre la pagaille dans les cours: on les traitera de chenapans. Leur comportement n'apparaît pas comme déviant. C'est le contraire avec les élèves issus des milieux po