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Libération
Éditorial

Sauvetage

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publié le 16 décembre 2005 à 5h00

Six mois après son non au référendum sur la Constitution, la France a un projet européen : baisser la TVA pour les restaurateurs et défendre la PAC ! Cela relève moins de la vision de l'avenir que du plan de sauvetage de Jacques Chirac, plus préoccupé de gérer sa sortie de mandat que de sortir l'Union de sa crise existentielle. Ceux qui espéraient que la France ait une parole forte, qui redonne une perspective à l'institution fragilisée par un élargissement trop rapide et contestée pour son déficit social et démocratique, en seront pour leurs frais. De Blair, président en exercice de l'UE, on pouvait aussi espérer une vision qui, toute troisième voie qu'elle soit, fasse bouger les lignes. Après tout, quand le chômage est le premier problème de l'Europe, demander qu'il soit fait davantage pour l'emploi et la recherche que pour l'agriculture mérite examen. Blair a feint de porter ce combat, puis a vite montré ses limites. Plutôt que de proposer d'augmenter le budget de l'Union, il veut le réduire, tout en laissant croître la ristourne dont bénéficie son pays, bel élan de solidarité. Préoccupé lui aussi de sa sortie dans l'Histoire, Blair a visiblement renoncé à demeurer à jamais dans la mémoire des Européens. A preuve, les nouveaux entrants, qui avaient pour le libéralisme d'outre-Manche les yeux de Chimène, sont désormais ligués contre lui. La seule qui puisse se réjouir de l'exacerbation des égoïsmes est Angela Merkel. Si elle réussit in extremis à jouer les conciliatrices,