Le leader de la gauche bolivienne Evo Morales, vainqueur dimanche de l'élection présidentielle, s'est proclamé «premier président indien» de Bolivie. Et de l'Equateur au Brésil en passant par la Colombie, les organisations indiennes se sont félicitées de cette victoire. Pour le député et leader du parti Pachakutik en Equateur, «la victoire de notre frère Evo renforce politiquement et socialement les peuples indigènes d'Amérique latine».
Mais qu'en est-il réellement ? Si Evo Morales vient, par son parcours, de la gauche traditionnelle (lire page 6), il a fait tout de même le lien, dans sa rhétorique, avec le socle du discours ethnique parfois radical. Ainsi il justifie les nationalisations qu'il promet (notamment dans le pétrole et le gaz naturel) en expliquant que «pachamama, la terre mère» a été mise à sac depuis la «colonisation», l'arrivée des Espagnols au début du XVIe siècle. Mais qui sont ces Indiens ? Existe-t-il un «nationalisme indien» ? Voyage à travers le continent.
Combien d'Indiens ?
A l'arrivée des Cortez, Pizarre et autres bandes de pillards, les Indiens étaient entre 40 et 80 millions en Amérique latine, selon les estimations. Avec de fortes disparités régionales qui subsistent aujourd'hui : les populations indigènes sont très concentrées sur les hauts plateaux mexicain et andin (sièges des empires aztèque et inca). Au début du XIXe siècle, il n'y avait plus que 8 millions d'Indiens sur tout le sous-continent. Des peuples entiers ont disparu. Les caravelles de