Menu
Libération
Interview

«Quand la loi édicte une vérité officielle, nous disons ""non""»

Article réservé aux abonnés
Mémoire. Jean-Pierre Azéma, historien, fustige l'inflation législative :
publié le 21 décembre 2005 à 5h04
(mis à jour le 21 décembre 2005 à 5h04)

Jean-Pierre Azéma, 68 ans, professeur d'histoire à Sciences-Po, est spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. Il explique les enjeux de cette mobilisation contre les lois mémorielles.

Comment est venue l'idée de cette pétition d'historiens ?

J'avais réuni une quarantaine d'historiens et de juristes en un forum de discussions, à Sciences-Po, le 3 décembre, autour du livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau, les Traites négrières. C'est un livre important, incontestable d'un point de vue historique, et son auteur se trouve pourtant traîné en justice par une association mémorielle, le collectif des Antillais-Guyanais-Réunionnais, pour révisionnisme (lire ci-dessus). Nous voulions en parler avec lui, et le forum s'est demandé comment le défendre, avec quels moyens. Il a été décidé que quelques-uns d'entre nous écriraient des lettres de soutien qui puissent être produites lors du procès, qu'une association d'historiens allait être mise en place afin de venir en aide aux collègues qui, malheureusement, risqueraient d'être mis en cause dans le futur. Et donc qu'une pétition circulerait.

Comment la pétition va-t-elle circuler ?

Nous allons passer par les associations d'historiens, sur le terrain, notamment dans l'enseignement secondaire et supérieur. Car l'article 4 de la loi du 23 février 2005 sur le «rôle positif de la colonisation» menace les profs. Aujourd'hui, les enseignants d'histoire sont vulnérables et l'inquiétude monte. Avoir l'obligation de dire que la colonisation a été positive