Est-ce la revanche des Indiens sur les conquistadores ? Une résurgence du rêve fracassé du «Che» d'une révolution socialiste à partir des masses indigènes ? Saluée du Mexique à l'Argentine (sans oublier ses amis Castro et Chavez), l'élection de «Don Evo» Morales, planteur de coca socialiste d'origine aymara, autoproclamé «premier président indigène» de Bolivie, et du continent américain, témoigne-t-elle d'une renaissance indienne ? Ou d'un basculement à gauche de l'Amérique latine ?
Images romantiques et envolées anti-impérialistes peuvent être trompeuses. Définir qui est «Indien» et qui ne l'est pas n'est pas toujours facile dans des pays où le métissage a été la règle. Se dire «de gauche» et anti-impérialiste n'y amène pas forcément à rompre avec les gringos nord-américains et le système économique international «néolibéral» (voir au Brésil, en Argentine, en Uruguay, et même au Venezuela). Reste que dans le monde andin, comme ailleurs en Amérique latine, classes sociales et origines ethniques se conjuguent largement. Et que les «indigènes» sont au bas de l'échelle depuis un demi-millénaire. La question de la (re) distribution équitable des richesses naturelles s'y double de celle de la souveraineté sur ces mêmes richesses.
La victoire électorale d'Evo Morales, par son ampleur même, est une raison d'espérer dans un pays jusque-là recordman mondial des coups d'Etat. A lui à présent de démontrer, en évitant les dérives populistes et indigénistes, que la Bolivie, et toute l'Amér