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Éditorial

Panthéon

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publié le 2 janvier 2006 à 19h58

Au panthéon des présidents de la Ve République, les derniers entrés ont un avantage sur leurs prédécesseurs. Le jugement de l'opinion est fortement tributaire de cette amnésie qui fait juger des bilans en fonction des souvenirs les plus frais qu'on en conserve. François Mitterrand, favorisé par le revival éditorial du moment, voit sa cote remonter au détriment du général de Gaulle, du moins celui qui, en 1958, mit en place des institutions dont ses successeurs tirèrent le meilleur avantage à la tête de l'Etat. En quatre ans, ce sont les deux derniers présidents en exercice qui progressent, les deux qui s'intercalent entre eux et l'icône de Colombey voyant leur image pâlir davantage encore, ce qui est injuste pour Valéry Giscard d'Estaing dont le bilan, en matière de société et sur le plan européen, mérite d'être réévalué. Aujourd'hui plus on est jeune et de gauche, plus on apprécie François Mitterrand, ce qui est globalement normal, sinon symptomatique. Mais, dans l'appréciation générale des Français, il faut quand même y regarder de plus près dans le benchmarking avec Chirac, si l'on ne veut pas confondre la mémoire et l'histoire.

L'intégration, la démocratie, doivent assurément plus au président socialiste qu'à son successeur chiraquien, mais on doit raisonnablement aussi lui accorder davantage de crédit sur la construction européenne et la place de la France dans le monde, contrairement à l'appréciation des sondés. A moins que l'actuel locataire de l'Elysée ne bénéficie de