Historien, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris, Laurent Rucker commente l'évolution de la politique étrangère russe. Comment interpréter l'invitation du Hamas à Moscou ?
L'idée existe en Russie, en tout cas dans la diplomatie russe, de reprendre la main. Depuis deux ou trois ans, il y avait le sentiment que la Russie comptait de moins en moins sur la scène internationale, et qu'elle avait subi un certain nombre d'échecs par rapport à la stratégie déployée après le 11 septembre 2001, en particulier dans l'espace post-soviétique, avec les révolutions en Géorgie, en Ukraine, et les difficultés liées à l'élargissement de l'Union européenne. Il y avait aux yeux des responsables russes un faible retour sur investissement de la politique de coopération avec des Etats-Unis.
Les révolutions démocratiques, comme celle d'Ukraine, ont-elles poussé au réexamen de la politique étrangère russe ?
Elles ont joué un rôle central. Les Russes n'ont pas admis et n'ont pas compris que leur influence dans l'espace post-soviétique soit à ce point remise en cause. Il y avait une sorte de deal entre la Russie et l'Occident. Dans l'espace post-soviétique, les Russes n'auraient plus le monopole, c'était évident, mais cela ne voulait pas dire qu'il y aurait des renversements de régimes «amis» à leur détriment, en tout cas pas comme ça. L'affaire ukrainienne, fin 2004, a été le déclencheur. Depuis, les Russes s'interrogent sur la manière de reprendre la main, et le choix qui a ét