«Cauchemar», «scénario catastrophe» ou simple «peur bleue» : les responsables d'organisations chargées de combattre la grippe aviaire ne cachent pas leur inquiétude après l'arrivée du virus H5N1 en Afrique. Interrogés par Libération, ils dénoncent la «chronique d'un désastre annoncé».
1. On ne l'attendait pas au Nigeria...
On scrutait l'Afrique de l'Est. Voire le Maghreb. C'est le Nigeria qui, le premier, a déclaré en Afrique un foyer d'infection de H5N1. Ce qui ne veut pas dire que le pays est le premier touché par la grippe aviaire, mais qu'il est le premier à le détecter. «On a des fortes suspicions d'autres cas en Sierra-Leone», révèle un expert de l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il est prématuré de dire comment la dangereuse souche asiatique du virus a atterri au Nigeria. «C'est une surprise», avoue Samuel Jutzi, directeur de la division «santé et production animales» à la FAO. «On pensait d'abord à la vallée du Rift au Kenya. Mais la proximité du lac Tchad est aussi une route de navigation des oiseaux d'eau migrateurs.» Les micro-migrations humaines et les maxi-déplacements ont peut-être fait le reste. Les fermes touchées sont parfois distantes de plus de 200 km. Elles sont également «éloignées de plusieurs centaines de kilomètres du bassin de N'Guru (ouest) et encore davantage du lac Tchad (près de la frontière nord-ouest), seules zones humides susceptibles d'abriter les oiseaux migrateurs aquatiques dans cette région très sèche»,