Menu
Libération
Éditorial

Limites

Article réservé aux abonnés
publié le 15 février 2006 à 20h20

Tous les élus locaux savent qu'il suffit d'un peu d'astuce pour inaugurer trois ou quatre fois la même cabane de cantonnier. De son passage à la mairie de Valenciennes, Borloo a retenu la leçon. Il lance un plan d'envergure tous les trimestres, sauf qu'il s'agit toujours du même plan. D'ailleurs, comment faire autrement quand on est un grand ministre avec un petit budget ? C'est pourquoi, quand Borloo présente son petit dernier, le Cesu, comme une «révolution», il exagère, ou alors c'est seulement une révolution à 100 millions d'euros : ça ne fait pas trembler les murs.

Le Cesu se situe à l'intersection d'un phénomène de société et d'une niche fiscale pour revenus (relativement) élevés. Le besoin de «services à la personne» prolonge la «professionnalisation» de la sphère privée par le biais d'activités salariées et il s'accroît en même temps que l'espérance de vie. Le développement de ces services n'a d'autre limite que la solvabilité des bénéficiaires. D'où des mesures de défiscalisation sur lesquelles Borloo n'innove pas, sauf à ranger sous cette rubrique les exemptions de charges sur les Cesu distribués par les entreprises. Si on peut être sceptique sur le nombre d'emplois créés qu'annonce Borloo, il est certain que son dispositif réduira la tentation de l'emploi au noir ­ une excellente chose par elle-même.

Il en faudra plus pour que le Cesu devienne aussi banal que le chèque-repas. Outre que celui-ci a bénéficié de la législation sur le travail qui oblige les employeurs à