La confirmation en France, ce week-end, d'un premier cas de grippe aviaire chez un canard mort dans l'Ain fait craindre le pire aux éleveurs de la Bresse, toute proche, berceau des poulets de luxe français: si Bruxelles met fin à la dérogation qui leur permet encore de laisser leurs volailles s'ébattre en liberté (comme l'impose leur cahier des charges), autant mettre la clé sous la porte, déclarent en substance les professionnels du coin. Ils ne sont pas les seuls à se faire du mouron: alors que la menace se précise partout en Europe, la filière avicole française, numéro un avec son milliard de volailles abattues chaque année, fait ses comptes en prévision d'une éventuelle pandémie. En première ligne, les 50 000 personnes qui travaillent en France à l'élevage, à l'abattage et à la transformation des volailles pour un chiffre d'affaires de quelque 6 milliards d'euros, dont un peu moins de 20 % pour les produits se prévalant d'un label de qualité supérieure.
Inquiétudes. Le dérapage a commencé en février 2004, pic de la crise aviaire en Asie. L'appétit des Français pour le poulet rôti et le magret de canard a commencé à se tasser : 10 % de moins depuis cette date. Ces dernières semaines, la découverte d'oiseaux infectés aux portes de l'Europe a accéléré le plongeon : en novembre, par exemple, les ventes de poulets dans les hypermarchés ont baissé de 30 % en moyenne. La semaine dernière, juste avant la découverte du premier cas avéré de H5N1, les poulets élevés en plein air (Fe