Plus de 1 million, selon la CGT. 396 000, selon la police. Plus de 700 000, selon nos estimations. La journée de manifestation d'hier contre le CPE dans quelque 160 villes est indéniablement un succès. La participation est équivalente aux manifs du 4 octobre 2005 pour l'emploi et les salaires, et plus du double de celle du 7 février, déjà contre le CPE.
A Paris, le désordre donne le moral
Les jeunes ne respectent rien. «L'ordre des cortèges, ils ne savent pas ce que c'est, gronde gentiment Michel, de la CGT de Seine-Saint-Denis. Mais c'est tellement agréable de les voir là.» De l'avis des syndiqués, une journée comme celle d'hier redonne le moral. Tous les jeunes ne «prendront pas d'adhésion ce soir», poursuit-il. «Mais au moins, ils voient de près qu'on n'est pas de vieux ringards, qu'on se bat pour eux aussi.»
De la place de la République à Bastille, le boulevard Beaumarchais est noir de monde malgré la pluie. Des jeunes, surtout, qui hurlent : «On n'est pas fatigués !» Des lycéens aux étudiants, le mouvement ratisse large. Même l'école Normale sup a rejoint le cortège. Les classes prépa sont là, aussi. Pour Florent, 19 ans, en khâgne (lettres supérieures) au lycée La Bruyère, de Versailles, «la mobilisation montre que la démocratie est en marche [...]. Ce n'est pas une solution de passer par-dessus le peuple». Réfugiés dans un café, Sophie, 55 ans, «vieille soixante-huitarde», et Alain, 64 ans, sont «de tout coeur avec les jeunes». Alain : «A cause de cette précarité, j'ai e