Dans la mémoire collective, la loi Neuwirth et, plus encore, la loi Veil semblent résumer l'histoire du contrôle des naissances, garant d'une sexualité féminine enfin libérée des contraintes de la fécondité et désormais pensable en termes de plaisir. Rarement est évoqué le rôle fondateur du Planning familial. Remédier à cet effacement mémoriel est le premier effet positif de Liberté, sexualités, féminisme, ouvrage qui vient célébrer les cinquante ans de la fondation de la Maternité heureuse, appellation originelle du Planning, née dans la clandestinité en raison de la loi de 1920 qui réprimait «la provocation à l'avortement et la propagande anticonceptionnelle».
1956 : la France est dans l'euphorie du baby-boom. Cette célébration oublie les grossesses non désirées, les avortements clandestins, le désarroi moral et matériel des familles trop nombreuses, celui des célibataires esseulées. Contre cette détresse naît la fondation de la Maternité heureuse. Cette première dénomination révèle le projet originel : non le rejet de la maternité, non la liberté sexuelle, mais un sage contrôle pour privilégier une maternité épanouie. Les statuts, déposés le 8 mars 1956, fixent comme objectif de «lutter contre les avortements clandestins, assurer l'équilibre psychologique du couple, améliorer la santé des mères et des enfants». Cette orientation s'intéresse donc davantage au bonheur des mères qu'à celui des femmes. Elle pèsera longtemps sur la stratégie de l'association, même après l'adopt