Les 343 salopes ? Simone Iff ? La loi Neuwirth ? Ça ne leur évoque rien. Sur les murs, des affiches d'époque retracent l'histoire du Planning familial et de la lutte des femmes. Mais leurs regards glissent dessus. Trop d'angoisse. Trop mal au ventre. Dans la salle d'attente du centre parisien, de jeunes filles attendent d'être reçues. Elles viennent en quête d'informations, pour un test de grossesse, ou pour un avortement. Parfois avec une copine, ou même leur petit ami. On ne leur demande pas leur nom. Elles sont les bénéficiaires d'un combat historique dont elles ignorent tout. A ceux qui en douteraient, un après-midi dans un des centres du Planning familial suffit à convaincre de son utilité. Même cinquante ans après sa création (lire page ci-contre).
«Ça». Laura (1) tire sur ses manches. Elle ne veut pas quitter sa grosse doudoune noire. Elle n'a que 14 ans. Anne-Marie, conseillère conjugale et familiale, lui parle d'une voix douce. «Tu peux me dire ce qui t'amène ?» Laura ne dit pas un mot. «Il y a quoi dans cette enveloppe ?» L'adolescente rougit derrière ses lunettes. C'est une échographie. «Raconte-moi l'histoire.» Laura : «Il n'y a pas d'histoire.» Elle répond d'une phrase à chaque fois : oui, elle a eu une relation sexuelle. Oui, elle a un copain, il a 19 ans. Non, elle n'utilisait pas de moyen de contraception. Non, elle ne savait pas qu'une relation pouvait déboucher sur «ça». Une copine de sa mère lui a conseillé d'aller au Planning. Elle n'en avait jamais entend