Les soubresauts parlementaires sur le dossier du téléchargement et l'épineuse question du statut des intermittents n'en finissent pas de gâcher les jours et les nuits de Renaud Donnedieu de Vabres. Quand l'ex-conseiller de François Léotard rejoint il y a deux ans la rue de Valois, l'assurance chômage des techniciens et artistes a déjà eu raison de son prédécesseur, Jean-Jacques Aillagon. Donnedieu élabore une tactique : éteindre le feu de la contestation, miser sur le dialogue et les effets de manche, et croire en sa capacité de rassemblement. Tel un joueur de poker, il dissimule son jeu. En fin diplomate (ne rêve-t-il pas du Quai d'Orsay ?), il rassure, flatte, corrige et invective les syndicats. Il faut négocier, trouver un accord «équitable» et réconcilier les mondes de la culture et de la politique. Pendant dix-huit mois, l'illusion agit.
Fragilisées par l'accord du 26 juin 2003, fatiguées par des mois de luttes et d'occupations, les troupes intermittentes se replient. Le ministre fait alors une erreur colossale : il répète à qui veut l'entendre, qu'un nouveau système sera opérationnel «au plus tard le 31 décembre 2005». En politique, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Mais dans la culture, elles ont valeur de professions de foi.
Mercredi, lors de la première manifestation massive d'intermittents depuis l'été 2003, les professionnels n'ont pas raté l'occasion de railler leur ministre. Ses engagements, enregistrés et montés en boucle sur fond de fanfare brésil