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Libération
Éditorial

Ombres

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publié le 10 mars 2006 à 20h35

L'Algérie, comme les autres producteurs de pétrole et de gaz naturel, engrange les profits de la hausse des prix des carburants. Du coup, les grandes puissances ont pour Alger et ses pétrodollars les yeux de Chimène. On ne peut que se réjouir de la bonne fortune d'un pays avec lequel la France a des relations aussi proches que passionnées, en raison de la longue histoire commune de la colonisation. Et dont la stabilité est vitale à celle de la Méditerranée.

Il y a pourtant des ombres à ce tableau. La ruée vers l'or noir ne doit pas aveugler sur le blanchiment entrepris par le président Bouteflika pour effacer les traces sanglantes de la longue et sale guerre menée par les militaires contre les islamistes. C'est le prix qu'il a payé pour le retour à la paix civile, prix qui risque de s'avérer élevé. Quand l'amnistie générale s'accompagne d'une amnésie imposée, on court le risque d'un retour du refoulé. Cette politique entraîne l'étouffement de tout espace de liberté et de toute critique à l'encontre du pouvoir et de l'armée, et une personnalisation du régime hasardeuse en raison de l'incertitude qui règne sur l'état de santé réel de Bouteflika, et son éventuelle succession.

D'autant que la question cruciale demeure elle aussi sans réponse : le pouvoir algérien saura-t-il enfin saisir les opportunités offertes par la manne pétrolière et la paix pour jeter les bases d'une stabilité durable ?

Il lui faudrait pour cela s'attaquer à la misère économique et sociale qui est le lot de l