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Libération
Éditorial

Retranché.

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publié le 16 mars 2006 à 20h38

Une large majorité de Français qui applaudit la contestation, des présidents d'université bientôt unanimes pour demander au gouvernement de bouger et un Villepin de plus en plus retranché derrière ses certitudes, le fossé s'élargit entre le pays et le pouvoir. Banlieusards contre étudiants, piquets de grève contre antibloqueurs, voilà qu'en sus quelques affidés du Premier ministre, Azouz Begag en tête, se sont mis en tête de jouer les uns contre les autres. Si elle n'ajoutait pas aux antagonismes d'une société française déjà bien fracturée, la manoeuvre ressortirait du dérisoire. Comme si beaucoup de jeunes de banlieue n'étaient pas aussi étudiants, comme si les exclus du système scolaire n'aspiraient pas eux aussi à échapper à la menace d'un licenciement sans motif. Quant aux jeunes contre le blocage des facs, qu'ils soient préoccupés par leur examen ne signifie pas qu'ils n'aient pas aussi le souci d'échapper à la précarité. Villepin essaie de faire croire que le CPE est une réponse aux émeutes de novembre et de faire oublier qu'il met au même régime précaire tous les moins de 26 ans. Quand le mensonge est à ce point, on comprend que les syndicats ne soient pas pressés de répondre à son appel au dialogue, fût-il relayé par Chirac. Le dialogue, Sarkozy, lui, l'a ouvert hier. Il a reçu les services d'ordre étudiants boudés par Matignon. Bel effet de contraste pour qui s'était coupé de la «racaille» des banlieues. Le candidat de la «rupture» craint que l'entêtement de son riv