Tiens, enfin un lieu où se retrouvent des étudiants sans banderoles, sans slogans, ni tracts. Pas d'AG, non plus. Mais même ici, à la cité universitaire internationale à Paris, qui accueille 6 000 étudiants et chercheurs étrangers, on n'échappe pas au CPE. Bien au courant, les étudiants rencontrés sont très impressionnés par l'ampleur de la mobilisation. Admiratifs : «Les Français luttent vraiment, les salariés et les familles sont solidaires», selon Gie Ke, Thaïlandais, en sciences physiques. «Ces mobilisations ont lieu dans plusieurs villes au même moment, c'est très bien organisé», pour Nabil, Tunisien, en architecture. «En Mauritanie il y a près de 3 millions de personnes, ce week-end, c'est l'équivalent de la moitié de mon pays qui défilait», note Mamadou, 28 ans, en statistiques.
Une étincelle. Macha et Tania sont emballées. Macha, Moscovite de 22 ans, a découvert un matin sa fac de Paris-VIII fermée par les grévistes. «Ici, les gens viennent spécialement pour faire la grève», conclut-elle éberluée. Elle s'emporte : «Les barricades, c'est romantique.» Tania, 25 ans, renchérit : «C'est comme en 68, les jeunes se constituent en un groupe social.» «Ou alors c'est nous qui voulons le voir comme ça», l'interrompt Macha. Pourtant, le CPE ne lui semble pas monstrueux : «Pour nous, c'est bien normal de se faire chasser du boulot.» Quoi qu'il en soit, les deux étudiantes boursières sont ravies. «En Russie, les jeunes sont trop passifs», selon Tania. «Ceux qui vont manifester pou