Alon Shvout (Gouch Etsion) envoyé spécial
Devoirs civiques accomplis au plus tôt, le rabbin Yoel Bin Nun et son épouse s'éclipsent prestement sous l'ombre mauve des gainiers. Une affaire de famille les appelle. «La circoncision de notre petit-fils», s'excuse à la volée ce vénérable érudit à la longue barbe blanche qui fut longtemps une figure de proue de la colonisation juive dans les territoires occupés. Mais ce théoricien du sionisme religieux s'est très récemment rallié au plan d'évacuation unilatéral soumis à l'approbation des électeurs israéliens par le nouveau parti centriste que mène Ehud Olmert, dauphin d'Ariel Sharon et Premier ministre intérimaire.
Une volte-face moyennement appréciée dans l'implantation d'Alon Shvout, où réside le rabbin. Devant le bureau de vote, Daniel, élève de yeshiva, centre d'études de la Torah et du Talmud, ne cache pas sa déception face au choix de son ancien maître. «Il a bien essayé de nous expliquer sa position, qu'il fallait soutenir Kadima pour obtenir que le prochain gouvernement nous écoute lorsqu'il fixera la frontière d'Israël, mais il n'a convaincu personne.» Le tracé des futures frontières d'Israël constitue le thème principal de la campagne. Dans cette communauté pratiquante et très à droite, où les électeurs courent à la salle de prière dès leur bulletin glissé dans l'urne, l'idée de céder une partie de la terre promise en Judée et Samarie relève de la haute trahison.
Un second résident d'Alon Shvout a pourtant lui aussi franchi