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Libération

Le bahut de toutes les luttes

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Elèves et profs du lycée Utrillo de Stains ont manifesté hier à Paris.
publié le 29 mars 2006 à 20h45

A eux trois, ils n'ont pas encore l'âge de Dominique de Villepin (52 ans). Mais hier matin, devant les grilles fermées du lycée Utrillo de Stains (1200 élèves, en Seine-Saint-Denis), Yamina, 18 ans, en terminale STT, Yoann, 18 ans, en terminale ES et Imen, 14 ans, en seconde générale, multiplient les reproches contre les intentions gouvernementales. «Je pense que nous sommes là pour nos droits, et le seul moyen de les faire respecter, c'est la grève. Il y a déjà beaucoup de précarité dans le 93. Ce n'est pas la peine d'en rajouter avec le CPE alors que nous ne sommes pas sûrs d'accéder à l'emploi», affirme Yamina. C'est la plus vindicative du trio. Yoann «veut une part de dignité dans la vie sans être à la merci d'un patron qui pourra te virer quand il veut». Imen estime que l'on est en train de retirer aux jeunes générations «tous les droits acquis par les luttes précédentes» des aînés. Elle s'emporte contre le fait que «les profs touchent une prime de risque quand ils enseignent en banlieue» : «Est-ce que ça veut dire qu'on est un zoo?»

Cartes de cantine. Dès hier matin, le lycée était bloqué par les élèves. Et 60 % des enseignants avaient cessé le travail, selon les profs grévistes. La proviseure, elle, filtre les entrées et vérifie les cartes de cantine des jeunes qui veulent entrer pour déjeune. «Toi, t'es vraiment demi-pensionnaire?» lance-t-elle à un grand ado. Une grappe de collégiens, venus d'un établissement voisin fermé, traîne son désoeuvrement sur le parvis et fi