«Le CPE ? Pour nous, c'est l'ANR.» Ou Agence nationale de la recherche. Derrière ce propos sibyllin d'un syndicaliste du SNCS-FSU, en marche vers la place de République, se cache l'une des raisons de la présence de chercheurs dans les cortèges d'hier. Banderoles de «thésards en colère», calicots d'universités, du Muséum national d'histoire naturelle, de l'Institut national d'études démographiques... et même de l'Ecole centrale de Paris.
Pourtant, le chercheur commence sa vie active bien après 26 ans. Mais le décryptage de sigle explique cette apparente contradiction. «La stagnation des crédits et des postes dans les organismes de recherche d'un côté, la montée en puissance rapide de l'ANR de l'autre, vont se traduire par la création de centaines peut-être trois mille à terme de contrats à durée déterminée», explique Henri Audier (SNCS). Des scientifiques recrutés à bac + 7 sans savoir ce qu'ils deviendront à la fin de leur CDD, une précarité et une absence de perspectives claires : la similitude avec le CPE explique que la mobilisation des chercheurs ne relève pas d'un pur altruisme. Dans de nombreuses universités, à l'appel du SneSup-FSU, des assemblées d'enseignants ont voté la grève et apportent un soutien matériel et moral aux étudiants.
Le monde de la recherche et de l'enseignement supérieur sort en outre d'un long conflit avec le gouvernement. Et le vote de la loi sur la recherche le 7 mars a laissé un goût amer dans les laboratoires. Alors qu'ils s'étaient mobilisés