De Gaulle quittait la France pour Baden Baden en plein 68, Chirac, lui, renonce à se rendre au Havre et s'enferme à l'Elysée. Dans les deux cas, c'est la marque d'une crise de régime. «C'est le coq qui chante, mais c'est la poule qui pond les oeufs», disait Thatcher. C'est Villepin qui s'obstine, mais c'est la droite qui le piétine dans un réflexe de survie. Sarkozy en appelle à la suspension du CPE. Et, emportés par la vague de manifestants qui a encore enflé hier, les députés UMP ne cachent plus non plus leur inquiétude face à un Premier ministre qui s'imagine tenir entre ses mains le destin de son camp quand il n'a fait que le mettre dans le pétrin. Avant de tenir tête aux mineurs, Thatcher avait pris soin de se mettre l'opinion britannique dans la poche. Villepin, lui, ne s'est pas soucié de convaincre. Le résultat est là, qui voit les Français majoritairement opposés à son projet, devenu l'emblème de la précarité généralisée. Sa méthode est une catastrophe : elle dévalorise la réforme. Et permet aux bonnes âmes de disserter sur le supposé conservatisme du pays quand, en réalité, les Français applaudissent les changements qui fonctionnent sur le principe du donnant-donnant : plus de flexibilité pourquoi pas, si cela s'accompagne de davantage de sécurité professionnelle pour le salarié. Il est urgent que Chirac, qui a laissé son Premier ministre trucider le dialogue social, se ressaisisse. Et assume son rôle d'arbitre en retirant le CPE si le Conseil constitutionnel ne lu
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Pourrissement
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publié le 29 mars 2006 à 20h45
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