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Libération

Crise majeure pour fin de règne chaotique

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Parlement dédaigné, concertation sociale refusée... l'affaire du CPE témoigne de la crise profonde des institutions depuis 2002.
publié le 30 mars 2006 à 20h45

Révélatrice. La profonde crise politique et sociale qui se noue autour du CPE met en lumière plusieurs dysfonctionnements graves de la société française. Et de ses institutions, le tout dans une ambiance de fin de règne. Un pouvoir présidentiel évanescent, une concertation sociale inexistante, une démocratie parlementaire négligée, ou encore des représentants politiques disqualifiés, en sont autant de symptômes.

Un président irresponsable

Deux mois de crise, plus de 2 millions de personnes dans la rue, et Jacques Chirac se tait toujours. Comme lors de la crise des banlieues, à l'automne, où il n'est intervenu que très tardivement. Depuis sa réélection en mai 2002 avec 82 % des voix, le Président se sent intouchable. Il est décidé à ne rendre de comptes à personne. Pas plus à la justice, à laquelle il a toujours refusé de répondre, qu'à sa propre majorité ou aux électeurs, qui n'ont droit qu'à des interventions solennelles calibrées. Longtemps il est resté sur son petit nuage, se posant à la moindre occasion en «père de la Nation» et en garant de la cohésion nationale. Ce quinquennat doit être celui de son bon plaisir. Symbole de cet état d'esprit, la réforme pénale du statut du chef de l'Etat promise par le candidat Chirac en 2002 n'est toujours pas passée au Parlement, alors qu'un projet de loi a été entériné en Conseil des ministres en juillet 2003.

Contre l'avis de ses amis, il a conservé Jean-Pierre Raffarin au lendemain de la défaite historique de la droite aux élections r