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«C'est désolant, deux mois ! Il n'a pas de casier !»

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Peines sévères requises, hier à Paris, contre les prévenus poursuivis pour des jets de projectiles sur les CRS.
publié le 31 mars 2006 à 20h46

Les voilà qui défilent dans le box de la 23e chambre correctionnelle de Paris. Un paysagiste en formation, des lycéens, un projectionniste, des étudiants brillants, un vendeur d'une bijouterie de luxe, un technicien du son... Tous poursuivis, hier, pour des jets de projectiles sur les CRS, place de la République, le 28 mars, lors de la manifestation anti-CPE. Ce que tous ­ sauf deux ­ contestent absolument.

Les instructions du garde des Sceaux étaient claires : «Sévérité contre les casseurs.» Ordres suivis. Mécaniquement, le procureur a requis contre tous deux mois de prison ferme. «Tarif syndical ?» ironise une avocate. Une sévérité inhabituelle, puisqu'aucun n'a de casier judiciaire. Surtout, aucun n'est un casseur. Mécaniques aussi, les PV des policiers : «Remarquons un individu qui jette pierres, bâtons et canettes sur les forces de l'ordre et l'interpellons.» «Mêmes PV, mêmes rapports ; c'est étrange, non ?» remarque une avocate. «Où sont les preuves ?» demande une autre.

Quelques exemples. Wilfried, 19 ans, lycéen, «bonnet noir et veste de motard», disent les policiers. «J'ai un bonnet, mais ma veste est en tissu», dit le prévenu. Il a manifesté, a vu que ça dégénérait. «Je suis allé acheter à manger ; en revenant sur la place, les policiers bloquaient le métro. J'ai demandé aux CRS où je pouvais le prendre, ils m'ont arrêté.» «Demander où est le métro à République ? C'est une plaisanterie ?» se moque la juge. «Je ne savais pas où le prendre, je voulais rentrer chez moi.