Le Dasein («être-là», en français) est un concept passablement hermétique pour qui n'est pas initié à la phénoménologie d'Heidegger. A l'évidence, les occupants de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) la semaine dernière comptaient au moins un heideggerien. Il a laissé un graffiti, dans l'escalier principal : «Le Dasein est dans le cul. Le cul, c'est le trou de l'être. L'être est plein de trous. Et les trous plein de non-êtres.» «Celui-là, on va peut-être le garder !» s'exclame Danièle Hervieu-Léger, la présidente de l'école. Une équipe a d'ores et déjà entamé de recueillir les centaines de graffitis : «Lavez vos assiettes», «CRS blessé ? Achevez-le», «Le spectacle nous a voulus terribles, nous entendons bien être pires.»
Groupe informel. Du lundi 20 au vendredi 24 mars au petit matin, le bâtiment de l'EHESS, au 105, boulevard Raspail à Paris, a été occupé par plusieurs dizaines d'activistes avant d'être évacué par la police et une société de sécurité appelée en renfort par l'école. Bureaux saccagés, matériel informatique détruit ou volé, chambranles défoncés, graffitis : mardi, alors que le nettoyage avait commencé, le spectacle restait impressionnant. Et l'émotion des chercheurs, palpable. «Les gens se sentent violés, ils ressentent ça comme une humiliation», dit l'un d'eux. Certains craignent que le fruit d'années de recherches ait disparu. D'autres jugent que le bilan définitif pourrait se révéler moins catastrophique que prévu. Les bibliothèques ont été