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Libération
Éditorial

Pacotille.

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publié le 31 mars 2006 à 20h46

Chirac ne renoue pas avec les jeunes, mais avec sa jeunesse. Le voici tenté par un «Grenelle social» qui lui rappellerait ses vertes années, quand, secrétaire d'Etat à l'Emploi, il invitait les syndicats au ministère du Travail pour tenter d'en finir avec Mai 68. Vingt-sept heures de négociations suivies d'un défilé pro-Général sur les Champs-Elysées puis d'une dissolution de l'Assemblée, et tout rentrait dans l'ordre. Ce qu'a réussi de Gaulle, pourquoi pas lui ? Pour solder la crise du CPE, les derniers amis du Président lui suggèrent donc une séquence nostalgie. En forme de poisson d'avril car lui a déjà dissous, est privé du parti majoritaire, désormais à la botte de Sarkozy, et son gouvernement n'a rien à offrir aux salariés, sauf plus de flexibilité. La manoeuvre est toute de diversion, et les syndicats n'ont pas attendu pour dire non à ce «Grenelle» de pacotille. Si Chirac n'a plus les moyens de contredire son Premier ministre et n'ose biffer seul ce soir ce CPE que le Conseil constitutionnel ne lui a pas rendu le service d'invalider, il ne lui reste que le pourrissement comme salut. Ordre a déjà été donné aux présidents d'université «d'assurer les cours» et à la police de faire «évacuer» les lycées. La tentation est à la répression, avec le risque de radicalisation que cela induit. Critique ces derniers jours, le ministre de l'Intérieur, lui, a été prié de plier ou de partir. Pour l'heure, il plie. Villepin a réussi son coup : avec le CPE, il voulait disputer la «rupt