Villepin a son lapsus, la gauche ses oublis. Vendredi matin, à l'issue d'une rencontre réunissant onze formations de gauche (1), une déclaration commune a été adoptée par... dix d'entre elles. Pourtant signataire, la griffe de la Ligue communiste révolutionnaire ne figurait pas sur le relevé de conclusion. Pourtant, la présence d'Alain Krivine l'attestait : la LCR pense comme les dix autres. Cet oubli s'explique : la Rue de Solférino, qui a préparé le texte, ne goûte guère la présence de l'extrême gauche à ses agapes unitaires.
Au-delà de l'anecdote, l'unité des gauches inédite depuis 1994 n'est que de circonstance. Certes, les signataires appellent à un retour du CPE devant le Parlement et à une mobilisation pour le 4 avril. Ils ont unanimement fustigés l'intervention de Chirac. Pour le PCF, le président «a choisi l'affrontement». «On ne va pas vers l'apaisement», ont pronostiqué les socialistes pour lesquels le chef de l'Etat «donne des arguments à la poursuite du mouvement» et «fait prendre des risques au pays en n'utilisant pas son rôle d'arbitre. C'est incompréhensible».
Mais ils se sont bien gardés de programmer un meeting commun, comme Krivine l'avait suggéré. Ils n'ont pas plus embrayé sur la proposition de Werhling (Verts) qui avait évoqué «une grève des parlementaires» de gauche. Ils ne se sont pas accordés non plus sur l'opportunité de défiler, le 4 avril, derrière la même banderole. Enfin, ils ont rejeté la proposition de Sarre, président du MRC, qui suggérait