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Libération
Interview

«Dans notre culture, ce mode d'action est mal compris»

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publié le 15 avril 2006 à 20h56

Ancien porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové est responsable de l'organisation non gouvernementale Via Campesina. Avec le journaliste Gilles Luneau, il a publié Pour la désobéissance civique (la Découverte).

Approuvez-vous la démarche de Jean Lassalle ?

Totalement. Le résultat obtenu après trente-neuf jours de grève de la faim est tout à fait positif. Je ne peux que saluer sa victoire. Et lui faire part de mon respect. Celui qu'on doit à toute personne qui mène une action ultime, qui engage sa vie. Jean Lassalle a incontestablement posé un acte fort. Ceux qui l'ont moqué ont eu tort. Je le dis d'autant plus que je ne partage pas tous les engagements du député UDF. Cela ne m'a pas empêché de me tenir au courant de sa démarche tout au long de son combat. Avec Lassalle, nous avons quelques amis communs, ceux des «Comités Larzac» et de la communauté non violente de Lanza Del Vasto [disciple de Gandhi, ndlr].

Faire une grève de la faim, jeûner, est une forme d'action souvent critiquée. Pourquoi ?

Il faut d'abord faire la distinction entre jeûne et grève de la faim. L'un et l'autre sont des formes d'action non violentes. Mais, dans le cas du jeûne, on fixe le terme précis de l'action. Ainsi, à Pâques 1972, sur le Larzac, Lanza Del Vasto cesse de s'alimenter quinze jours durant. Son action permet l'unité des paysans du Causse et le serment des 103 qui s'engagent à lutter contre l'extension du camp militaire. L'année suivante, je participe à mon premier jeûne. En 1989, on