En matière de délinquance, la fragilité des indicateurs, des comptages officiels et des sources d'information est le souci primordial des chercheurs. En quittant l'université, pour cause de retraite, le sociologue Philippe Robert, directeur de recherche au CNRS, a consacré une partie de sa «conférence inaugurale» (1) à Versailles, en octobre 2005, aux difficultés pour disposer de données fiables, et pour les interpréter.
Vols et cambriolages : une explosion sans explication
Selon les statistiques policières, le taux de vols et de cambriolages a été multiplié par 9 en un demi-siècle (de 1950 à 2002), passant de quelque 50 à environ 450 pour 10 000, toute la croissance se situant entre 1960 et 1985. Depuis, il y a «une sorte de stabilisation en palier haut», constate Philippe Robert.
Comment interpréter cette hausse vertigineuse ? Par l'insécurité ? Pas obligatoirement, répond Philippe Robert. «Que signifie pareil relevé ?» interroge-t-il. «Une plus grande propension du volé à se plaindre ? Une plus forte diligence policière à enregistrer les vols ? Ou simplement une croissance de ces soustractions ? Ou encore un panachage des trois, mais alors dans quelles proportions ?» Pour trouver une réponse, il faudrait prendre en compte le développement massif de l'assurance vol avec la particularité que ce phénomène est limité à la seconde partie des années 70 , l'effondrement du taux d'élucidation des vols par la police, les enquêtes de victimation qui n'ont été entreprises que dans l