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Libération
Éditorial

Aveuglement

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publié le 30 mai 2006 à 21h23

L'obstination de l'UMP à se tirer une balle dans le pied est remarquable. Elle se double, ce qui n'est pas banal à un an d'une élection, d'une assiduité à se façonner une solide image antisociale. L'affaire de l'«amendement Ollier» est, à cet égard, exemplaire : elle se déroule en plusieurs épisodes qui révèlent une sacrée incohérence, un aveuglement qui n'est pas sans rappeler l'épisode récent du passage en force du CPE. Elle commence avec un appel inspiré de Jacques Chirac en novembre : le Président, sans doute celui de la «fracture sociale», demande à toutes les communes de respecter la loi qui leur impose d'avoir au moins 20 % de logements sociaux. On était, il est vrai, au lendemain de l'explosion des banlieues. Elle se poursuit avec l'amendement du député UMP des Hauts-de-Seine Patrick Ollier, qui revient à vider de son sens cette clause des 20 %, suscitant une levée de boucliers de la société civile, abbé Pierre en tête. Depuis, la bataille parlementaire fait rage et aurait pu s'achever avec le rejet de cet amendement par une majorité gauche-centre au Sénat. Le message aurait pu être entendu, mais, à la surprise générale, revoici l'«amendement Ollier» lors du retour du texte aujourd'hui à l'Assemblée, où la majorité UMP s'apprête à le voter comme un seul godillot. Or cet amendement est une véritable provocation sur un dossier qui devrait faire l'unanimité, c'est un coup de poignard à l'une des rares dispositions qui avait fait preuve de son efficacité relative en mati