On finirait par se croire chez un juge d'instruction à qui échappe le secret de son enquête. Au bout d'une semaine de fuites calculées et de morceaux de photocopie balancés en douce à la presse, la commission Outreau a fini, hier, par livrer elle-même les grandes lignes de son rapport sur les dysfonctionnements de la justice, quinze jours avant la date prévue. La version n'est donc pas définitive. Le texte est en effet toujours soumis aux modifications éventuelles des 30 membres de la commission, le rapport final doit être signé le 6 juin et rendu public le 13.
Il donne déjà l'impression d'être le premier depuis la loi Guigou, il y a six ans, à ne pas voir la justice en termes strictement électoralistes, c'est-à-dire sécuritaires. Visiblement, les élus ont été marqués par les auditions des acquittés faussement accusés de pédophilie et de leurs avocats, on croit revoir leurs visages effarés devant les récits de garde à vue ou de confrontations en lisant certaines de leurs propositions, en rupture avec le fonctionnement de la justice.
Après six mois d'Outreau intensif, la plupart des députés racontent ne plus être les mêmes. «Des élus, qui avaient voté les lois les plus répressives, revendiquent dans ce rapport la paternité d'idées tout à fait contraires, explique un élu UDF. Tant mieux.» Au-delà des partis, le texte reflète donc cette cohésion entre les membres de la commission, avec sa force et ses limites. Sur le juge d'instruction, par exemple, que certains voulaient gar