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Libération
Éditorial

Consensus

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publié le 8 juin 2006 à 21h43

Ce n'est pas faire injure aux socialistes que de ne pas s'emballer pour leur projet 2007. D'abord parce que l'Histoire apprend qu'une fois pourvu de l'investiture présidentielle, le candidat du PS n'a rien de plus pressé que de s'affranchir de ce qui a été adopté dans les conclaves du parti. Il y a ceux qui revendiquent une distance maximale, comme Jospin en 2002 et son célèbre : «Mon projet n'est pas socialiste.» Ou ceux, comme Mitterrand en 1981, qui partent à la bataille avec «110 propositions» et changent d'avis par rapport au «changer la vie» de Chevènement. Bref, la confection du projet doit être prise pour ce qu'elle est : un exercice obligé de consensus en attendant la désignation du prétendant à l'Elysée. L'exercice 2007 ne déroge pas à la règle qui voit chaque présidentiable obtenir que figurent les thèmes qui lui sont chers, du Smic à 1 500 euros mensuels de Fabius au «développement solidaire» de DSK. Montebourg, ayant obtenu peu, est le seul à juger que le «projet ne va pas assez loin», ce qui n'est pas faux. Quant à Ségolène Royal, accusée de «dérive droitière» la semaine dernière par ses rivaux, elle retrouve bizarrement dans le texte à peu près tout ce qu'elle proposait, hors la réquisition des militaires pour mater la jeune délinquance. On en déduira que soit elle n'est pas si à droite, soit le PS l'est tout autant qu'elle, soit les cris d'orfraies n'étaient que faux procès pour disqualifier l'adversaire. Dans tous les cas, cela interroge sur l'unanimité de l