Zidane, un artiste du ballon ? Depuis douze ans qu'il porte le maillot bleu, ses arabesques font le bonheur de l'équipe de France et enchantent les pelouses. Libération a sollicité les témoignages de personnalités du monde des lettres et des arts pour raconter ce joueur différent, singulier, unique.
Geneviève Brisac
Ecrivaine
«Une icône, notre d'Artagnan»
«J'ai toujours eu peur pour Zidane. Pas eu peur pour Platini, ni pour Lizarazu, ni pour Ronaldo. Mais pour Zidane, oui. Depuis presque dix ans que cette inquiétude dure, dix ans d'adoration collective, dix ans durant lesquels le chiffre dix lui-même a accédé à un prestige, à une gloire inégalée, imprimé sur tous les maillots, tous les drapeaux, chiffre dix héros des cantines et des cours de récré, je me fais du souci.
«Mes amis les spécialistes de foot, dans leur langage souvent obscur pour les non-professionnels, tentent de me rassurer. Zidane est un grand garçon et les grimaces de douleur que je crois lire sur son visage, les éclairs de dégoût que je devine dans ses yeux verts, je les invente. Il est le dieu des Français, leur modèle, le grand frère des minots, de Marseille à Roubaix. Une icône de la France qui change et qui gagne. Un pour tous, tous pour un. Notre d'Artagnan.
«Moi, je pense à Clovis, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré, au pouce tourné vers le bas qui incarne le væ victis, je pense que les foules sont versatiles, et que les taiseux font de bons boucs émissaires.
«C'est cela. C'est le silen