Beyrouth de notre correspondante
Pour la première fois au Liban, un Premier ministre a pris ses distances avec une opération du Hezbollah contre Israël. Hier soir, Fouad Siniora a déclaré que son «gouvernement n'était pas au courant, ne porte pas la responsabilité et n'approuve pas ce qui s'est passé à la frontière internationale». Il a aussi condamné les représailles israéliennes et annoncé que son gouvernement demanderait une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.
Sa réaction contraste avec les tirs de rafales d'armes automatiques et de pétards, les distributions de pâtisseries orientales, et les coups de klaxon entendus dans la banlieue chiite de Beyrouth, hier matin, à l'annonce de la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah. Le parti de Dieu, qui affirme avoir enlevé ces hommes en territoire libanais, est la seule milice non-palestinienne à détenir des armes lourdes au Liban, au nom du «droit à la résistance» : depuis 1967, Israël occupe les fermes de Chebaa, un petit territoire de 25 km2 au sud du pays.
«Les autorités israéliennes disent que le gouvernement est responsable des actions menées ce matin par le Hezbollah, mais c'est faux, assure un député de la majorité. Elles savent très bien que la décision n'est pas entre les mains de l'Etat.» Bien que le Hezbollah soit représenté au gouvernement, il agit de son propre chef. «Hier, une patrouille s'est infiltrée sur notre territoire, explique un député du parti chiit