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Libération
Éditorial

A bout de bras

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publié le 29 juillet 2006 à 22h07

Dimanche, un miracle aura lieu au Congo ex-Congo Léopoldville, ex-Zaïre et qui ne s'appelle présentement «république démocratique» que par antiphrase : des élections s'y tiendront, qui paraissaient encore improbables il y a peu. Une inspiration providentielle s'est même emparée de la hiérarchie catholique qui, jusqu'à jeudi, s'écharpait sans pitié entre partisans et opposants de la tenue d'élections, avant que l'épiscopat appelle ses ouailles, in extremis mais de manière unanime, à participer aux scrutins, conformément aux prières de Benoît XVI. Ce n'est qu'un des exemples des efforts venus de l'extérieur pour porter à bout de bras ces élections. Un contingent militaire européen a ainsi été envoyé pour l'occasion. C'est que le Congo est si vaste et si central que sa stabilité est essentielle à celle de toute l'Afrique subsaharienne.

Après s'être enfoncé au coeur des ténèbres ­ la guerre civile avant les accords de partage du pouvoir en 2002 a fait quatre millions de morts ­, le Congo n'a pas sombré complètement. Il a fallu pour cela une énorme lassitude et un profond dégoût des anciens chemins. Certes, des heurts entre la police et les opposants aux élections, qu'ils assurent truquées, ont fait des morts ; certes, l'actuel président (et candidat favori) Kabila n'a même pas réussi à tenir ses meetings électoraux dans la province du Kasaï. Le soutien implicite que lui accordent les Occidentaux entachera nécessairement son éventuelle victoire et ternira sa légitimité. Et pourtan