Menu
Libération
Éditorial

Bouffonnerie

Article réservé aux abonnés
publié le 29 juillet 2006 à 22h07

Boire ou pédaler. A l'en croire, c'est faute d'avoir choisi que Floyd Landis aurait déraillé. Avalés plus vite qu'un col hors catégorie, quatre whiskys et l'enterrement du maillot jaune aurait été consommé un soir de déprime. Et dame Nature, cette virilité qui l'a doté de pilosité au menton, lui aurait servi le verre de testostérone de trop. Une ultime bouffonnerie pour la route, et voilà que la fabuleuse histoire du vélo mérite un peu plus son appellation, même contrôlée. Nicolas Sarkozy, qui s'y connaît en répression, trouve «plutôt sain» que l'Américain se soit fait pincer. Les délinquants de la bicyclette sont pourtant déjà si nombreux dans le panier à salade de l'UCI que la chute d'un autre, un de plus, illustre l'impuissance du seul châtiment.

Or, si le dopage est devenu une culture dans le sport de compétition, c'est que la performance est un culte dans nos sociétés. Poule aux oeufs d'or, et aux hormones, le sport professionnel charrie de tels intérêts que l'indignation affichée par ceux qui en font leur beurre fleure l'imposture. Si c'est le vainqueur, et non le sportif, que l'on tient pour modèle, comment s'étonner que celui-ci, de «socquette légère» en coup de boule, soit prêt à tous les excès pour se montrer digne de la seule mission qu'on lui assigne : gagner. La seringue a donc déjà pollué la plupart des sports à enjeux, jusqu'au dieu football infesté en silence. Voilà pourquoi la réhabilitation du perdant s'impose urgemment : les Verts de Saint-Etienne se