Kinshasa envoyé spécial
Depuis quelques semaines, un climat d'hostilité aux Occidentaux s'est installé en république démocratique du Congo, surtout dans la capitale, Kinshasa, bastion de l'opposition au président Joseph Kabila. «Pourquoi les Blancs viennent-ils se mêler de nos affaires ? dit-on en substance. C'est aux Congolais de choisir leur président, pas à l'Union européenne ou à la France.» Et certains d'ajouter : «Si vous vous entêtez pour Kabila, ça va finir comme à Abidjan : à chacun son Français !»
A chaque poussée de fièvre politique, les mundele (les Blancs en lingala, la principale langue du pays) sont la cible de la vindicte populaire. Un réflexe qui s'explique par les horreurs de la colonisation belge, l'exploitation éhontée du pays par le roi Léopold II, puis les multiples ingérences occidentales : sécession du Katanga et assassinat de Patrice Lumumba (1961), intervention de l'ONU au Katanga, envoi des parachutistes français à Kolwezi (1978), jusqu'à l'opération Turquoise au Rwanda (1994).
Paris, Bruxelles et Washington, les trois capitales «dominantes» sur le dossier congolais, se voient reprocher de soutenir Kabila, le plus «docile» envers la communauté internationale et les intérêts étrangers. Mais l'Union européenne, principal bailleur de fonds des élections (317 millions d'euros pour le seul premier tour), est aussi accusée d'avoir écarté la candidature d'Etienne Tshisekedi, l'opposant historique, et d'avoir balayé les soupçons d'