Il aura fallu quatre décennies pour que la France juge utile d'étudier l'impact sanitaire de ses essais nucléaires dans le Pacifique. Alors que, depuis longtemps déjà, des associations dénoncent l'immobilisme de l'armée sur le sujet, voilà qu'une étude scientifique jette le discrédit sur la gestion de ces expérimentations par l'Etat français. Si l'on croit Florent de Vathaire, un des directeurs de l'Inserm, Paris aurait en effet caché, puis minimisé, les risques de ces expérimentations aux populations du Pacifique et aux personnels civils ou militaires envoyés sur place.
C'est peut-être un tournant dans cette douloureuse affaire qui oppose depuis des années les uns et les autres. En laissant filtrer les conclusions de son étude sur le sujet via le président polynésien Oscar Temaru , Florent de Vathaire a poussé le ministère de la Défense à sortir de sa réserve. Et à s'expliquer. «Pour l'instant, ce dont je dispose n'a pas la hauteur scientifique nécessaire, a déclaré vendredi à Libération Marcel Jurien de La Gravière, délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense (DSND), destinataire de la fameuse lettre du chercheur (lire l'interview ci-contre). J'attends que cette étude ait été validée scientifiquement pour me prononcer. Par exemple, je ne sais pas sur quelles doses de radioactivité M. de Vathaire s'est basé pour faire ses calculs. S'il a pris les bonnes doses, nous nous approprierons tot