Tyr envoyé spécial
Au petit matin, au bord d'une route, trois soldats libanais regardent passer les voitures remplies de réfugiés. Armés de fusils-mitrailleurs, ils sont déployés à la sortie de Tyr, face aux bananeraies qui, jusqu'à la cessation des hostilités, servaient très souvent de cachette aux tireurs de roquettes Katioucha. D'autres militaires règlent la circulation près d'un pont de fortune sur le Litani. Deux jours auparavant, c'était le Hezbollah qui canalisait le passage incessant des véhicules de part et d'autre du fleuve.
Après quarante ans d'absence, l'armée libanaise est de retour au sud du Litani. Au terme de très longues tergiversations, le gouvernement de Fouad Siniora a ordonné la veille le déploiement de 15 000 hommes le long de sa frontière avec Israël. Vers Saïda, c'est un flot ininterrompu de jeeps et de camions de transport de troupes, pavoisés aux couleurs nationales. Un matériel plutôt fatigué qui n'a pourtant guère servi au cours des dernières décennies. Des soldats casqués, munis de gilets pare-éclats, exercent un semblant de contrôle aux barrages routiers qui, quarante-huit heures plus tôt, étaient totalement déserts.
«Ligne bleue». Conformément à la résolution 1 701 du Conseil de sécurité, l'armée libanaise a reçu comme mission de sécuriser la «ligne bleue», qui marque la limite entre les deux pays, et d'appliquer «les lois en vigueur concernant toute présence armée quelle qu'elle soit, à part celle de l'Etat», a expliqué le ministre de l'In