Frangy-en-Bresse envoyée spéciale
Ils ont les yeux ronds comme des soucoupes. Montent sur les bancs, brandissent les portables pour la prendre en photo. Et espèrent la toucher. Coincés entre deux rangées de tables, ils attendent «Ségolène». Mais voilà, il n'y aura ni poignées de mains, ni séance de chamboule-tout local, ni bain de foule avec embrassade des enfants et des vieux. Ségolène Royal reste barricadée derrière un service d'ordre débordé et une nuée de caméras, d'appareils photo et de journalistes avides de saisir son sourire a côté d'Arnaud Montebourg. Elle évite les contacts. Une bousculade et hop, l'héroïne du jour disparaît dans la cuisine de fortune pendant vingt minutes, en attendant que les curieux s'asseyent enfin. Le repas commence, Ségolène Royal chipote trois lentilles, deux tomates. Et redisparaît, au calme, pour préparer son discours. Du jamais vu sur place, d'autant qu'entre temps les gendarmes et la sécurité civile sont venus sécuriser le morceau de table où elle mange. Les photos sont interdites.
Saucisson. Mais le charme opère. De la main, elle salue la foule et envoie des baisers, façon reine d'Angleterre en goguette. Et les photos de famille par centaines vont rejoindre les albums souvenir. «Tiens, on n'a pas crié Ségolène présidente», constate un monsieur au sortir du discours. C'est vrai, personne n'y a pensé. Les gens voulaient voir celle qui incarne la rénovation. La politique autrement. Trois mille personnes sur le terrain de foot de Fran