Naqoura envoyé spécial
Le drapeau français, hissé sur le bord de la route, n'a pas préservé la maison des destructions. «Ils ont bien bombardé. Pas un petit peu», déclare Abir Abdel Rida. Le missile a perforé un trou dans le mur de sa chambre, juste au-dessus d'un portrait du Che, renversé ses appareils de sport et roussi ses vêtements avant de s'encastrer dans le sol de marbre. Un colonel français de la Finul a inspecté le cratère et lui a conseillé de ne pas y toucher. En tongs et en short, Abir appartient à une famille chiite francophone et francophile. Elle a donné des cours d'aérobic à Versailles. Sa mère a grandi au Sénégal pendant la colonisation. Dans le salon, des photos les montrent aux côtés de militaires onusiens. Une plaque apposée près de l'entrée dresse la liste de tous «les commandants des éléments français de la force d'interposition» depuis son arrivée en avril 1978. «La France nous a toujours donné un coup de main au Liban, dit la jeune femme. Mais en ce moment on ne comprend plus. Ils parlent d'envoyer que 200 hommes ? C'est très peu.»
Liens étroits. Un peu partout, les mêmes réactions étonnées se font entendre. «Pourquoi les Français ont-ils changé d'avis ? s'interroge un fleuriste devant la vitrine brisée de son magasin à Tebnine. D'abord, ils voulaient envoyer une grande force de 3 000 hommes. On était content car on a confiance en eux, et maintenant rien ? Est-ce qu'ils ont peur d'avoir à affronter le Hezbollah ?»