«En attendant Jacques...», ironisait hier l'éditorialiste du New York Times. La situation a, il est vrai, de quoi susciter les sarcasmes outre-Atlantique. Cette France volontiers donneuse de leçons offre le sentiment de reculer devant l'obstacle en renonçant à envoyer des forces conséquentes au Liban et à assumer durablement le commandement auquel elle semblait aspirer. Au début de la crise libanaise, la presse anglo-saxonne s'étonnait de voir la France chiraquienne, volontiers donnée en déclin, manifester son leadership. Aujourd'hui, les mêmes sont prêts à s'exclamer : «On vous l'avait bien dit.»
Que s'est-il passé ? Le déficit de communication est patent, tant vis-à-vis de l'opinion française qu'internationale, à l'exception de quelques confidences d'officiers peu enthousiastes à l'idée d'aller au casse-pipe. Le souvenir du Drakkar et de ses 58 morts français est toujours présent, tout comme les missions humiliantes des Casques bleus en Bosnie. Mais tout ceci était connu au début de ce conflit et n'a pas empêché Jacques Chirac de hisser haut et fort le drapeau tricolore. La reculade actuelle n'en est que plus durement ressentie. Dans les faits, pour la France, la voie est étroite entre le risque de voir s'écrouler le fragile édifice de la résolution 1 701 en cas d'inaction internationale et celui de plonger dans une mission dangereuse, voire carrément suicidaire. La nouvelle résolution de l'ONU annoncée hier par George Bush n'y changera rien : le contex