Si François Hollande a encore besoin d'être prévenu, cette sentence d'un député socialiste fera l'affaire : «Notre premier secrétaire a devant lui le mois le plus décisif de sa carrière.» Et d'ajouter : «Il me donne le sentiment de ne pas savoir comment l'aborder.»
L'équation à laquelle le patron du PS est confronté n'est effectivement pas simple à résoudre. Le paysage qu'il découvre chaque matin ressemble jour après jour un peu plus à un terrain miné. Une poignée de candidats, parmi lesquels sa compagne Ségolène Royal, qui continue d'être plébiscitée par l'opinion et d'agacer ses concurrents, un non-candidat «disponible» mais encombrant appelé Jospin (lire page 2) et un miroir qui ne lui confirme pas qu'il est le meilleur alors que, par fonction, le premier secrétaire du PS pourrait être le candidat naturel des socialistes. Ce fut le cas avec François Mitterrand. Et la primaire pour l'élection de 1995 opposait le patron du PS d'alors (Emmanuelli) et un de ses prédécesseurs (Jospin). «Il y aurait une logique» à ce que le premier secrétaire soit candidat, déclare d'ailleurs Hollande dans le Monde daté d'aujourd'hui. «Mais ce n'est pas la règle, puisque c'est le vote des militants qui doit en décider.»
Comme il le fait régulièrement, François Hollande continue de s'abriter derrière la démocratie interne pour convaincre qu'il n'y a rien à craindre du mois à venir. Une de ses phrases préférées : «Il ne faut jamais avoir peur d'un vote.»