Lundi, Hassiba Lahouiou, 27 ans, certifiée de français, a reçu un coup de fil du principal du collège où elle est affectée, à Louvroil, près de Maubeuge (Nord). «Il m'a annoncé que je serai "professeur ressources" [les postes créés dans les collèges les plus difficiles, ndlr], raconte-t-elle, d'abord j'ai été soulagée. Comme je viens de finir mon année de stage, j'avais peur d'être ballottée par des remplacements. Mais maintenant je suis surtout inquiète. Je n'ai aucune expérience. J'avais bien vu les appels à candidature l'an dernier, mais ça m'était passé au-dessus de la tête. Je croyais que c'était réservé aux profs expérimentés.»
Contestation. Hassiba Lahouiou fait partie des enseignants supplémentaires affectés dans les collèges «Ambition réussite», l'une des grandes innovations de cette rentrée. Dans le cadre de la réforme de l'éducation prioritaire, 249 établissements, les plus difficiles, se sont vu attribuer des moyens supplémentaires, notamment quatre enseignants «référents» (ou «ressources»), des assistants pédagogiques, des infirmières, etc. L'objectif est de s'assurer qu'à leur sortie, tous les élèves ont acquis le «socle commun» un nouveau concept désignant les connaissances de base.
Mais cette réforme est déjà contestée. Le principal syndicat du secondaire, le Snes, la dénonce avec virulence, dans la mesure où, pour dégager ces nouveaux moyens, il a fallu en retirer aux autres collèges classés ZEP (zone d'éducation prioritair