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Libération
Éditorial

Sauve-qui-peut

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publié le 1er septembre 2006 à 23h08

On a connu bien des rentrées scolaires lourdes de conflits et émaillées de polémiques, mais, jamais sans doute, la tonalité sous-jacente n'a été comme en cette année à l'angoisse. Suspecté de nourrir la violence et d'engendrer les inégalités, le système scolaire public est soumis à des exigences contradictoires difficiles à réconcilier. La grande peur soulevée par les émeutes des banlieues à l'automne dernier a fait son oeuvre. Certains, chiffres biseautés à l'appui, poussent au sauve-qui-peut. Le gouvernement lance une bouée avec de grands gestes mais sans convaincre les premiers concernés, c'est-à-dire les professeurs. Faut-il le reprocher à ces derniers ou accuser le gouvernement du peu de moyens qu'il s'est donné pour les mobiliser ? Il ne suffit pas de constater que toutes les choses sont liées ­ l'échec scolaire, la violence dans les établissements et hors d'eux, la ségrégation sociale ­ pour savoir comment les dénouer. Les lois sur l'enseignement privé posent les bases d'un enseignement à deux vitesses. La réussite du privé ­ qui serait plus marquée encore s'il n'existait des freins administratifs à son développement ­ consiste à externaliser habilement les nuisances qu'il produit. Mais, si le privé profite des difficultés du public et les entretient, il ne les a pas inventées. Et, en niant trop longtemps un problème comme celui de l'insécurité des élèves, les acteurs de l'enseignement public ont contribué au désarroi de beaucoup de parents amenés à chercher leur salu