Dimanche, l'Europe creuse son trou sur la Lune. Sans douceur, puisque l'Agence spatiale européenne (ESA) envoie sa sonde Smart-1 s'y crasher à 7 200 km/h, au terme d'un long survol en rase-mottes. Peut-être y aura-t-il même ricochets et rebonds en guise de final. L'engin devrait percuter à 7 h 41 (heure de Paris) une cible dont le nom fleure bon le discours politique ou managérial, le lac de l'Excellence. Un petit coin de Lune situé à 34° sud et 44,13° ouest sur la face visible de l'astre depuis la Terre, en bas et à gauche vu de France... A moins qu'elle ne s'explose deux heures plus tôt sur une petite montagne dont l'altitude, environ 800 mètres, n'est pas assez bien connue pour garantir qu'elle passe au-dessus.
Cratère. Un crash silencieux pas d'air, pas de son, n'en déplaise aux bruiteurs de Star Wars , mais tout de même spectaculaire, puisqu'il devrait creuser un cratère de dix mètres de large sur un demi-mètre de profondeur et disperser entre 30 et 50 tonnes de poussières. Ce panache, illuminé par le Soleil, pourrait être visible par les télescopes terrestres. Une belle fin pour la première sonde lunaire de l'Europe. Publicité garantie et médias mobilisés.
On comprend la décision des astronavigateurs de l'ESA, en s'apercevant au début de l'été que sa trajectoire normale allait crasher Smart-1 sur la face cachée de la Lune... le 17 août. De quoi ajouter le désintérêt médiatique au silence lunaire. Un coup de pouce s'imposait pour rehausser l'orbit