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Libération
Interview

«Nous avons découvert deux pics de "lumière éternelle"»

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publié le 2 septembre 2006 à 23h09

Bernard Foing est responsable scientifique de la sonde Smart-1 à l'Agence spatiale européenne. Quel est l'apport scientifique de Smart-1 ?

Bien supérieur à tous nos espoirs ! Les économies de carburant durant le voyage nous ont permis d'avoir un an et demi d'orbite de travail au lieu des six mois prévus. En outre, la sonde passait à 3 000 km seulement au-dessus du pôle Nord, contre 30 000 dans le plan initial, et à 350 km au-dessus du pôle Sud, ce qui a permis des observations plus précises.

Quels sont vos principaux résultats ?

Nous nous sommes intéressés à l'origine et à l'évolution de la Lune. Notre spectromètre X qui enregistrait la fluorescence de l'astre sous la lumière du Soleil a pu identifier magnésium, silicium, aluminium et fer. Le magnésium livre des informations sur l'histoire primitive de la Lune, lorsqu'elle était recouverte de magma brûlant, et sur le remplissage ultérieur des mers par le magma. Nous avons détecté du calcium pour la première fois depuis l'orbite, en particulier dans la mer des Crises et les montagnes alentour, lors d'une éruption solaire importante. Surprise : l'abondance est identique dans les mers et sur les hauts plateaux. En plus, nos mesures sont compatibles avec les échantillons d'Apollo, preuve que l'instrument mesurait correctement depuis l'orbite. C'est le premier pas vers une carte des éléments chimiques de la Lune, indispensable pour aider les planétologues à démontrer le scénario d'origine de la Lune par un impact géant