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Libération
Éditorial

Besoins criants

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publié le 4 septembre 2006 à 23h10

Aux yeux du grand public, la contrefaçon fait plutôt sourire. Personne ne va spontanément verser une larme pour les marques de luxe allégrement copiées dans des ateliers d'Asie ou d'Italie, ni trop pleurer pour Microsoft, dont 98 % des logiciels vendus sur l'immense marché chinois sont des faux : ces sociétés très profitables ont les moyens de se défendre, et cette contrefaçon ne tue personne. Il en va autrement des faux médicaments qui sont offerts à bas prix aux populations du monde en développement, à commencer par celles des pays qui en produisent le plus, les géants Inde et Chine. Si du faux Viagra ne peut guère provoquer autre chose que des déconvenues, ce n'est pas le cas du faux plasma sanguin, des antibiotiques bidon, ou, comme ce fut le cas récemment en Afrique, du pseudo-artésunate, un nouveau médicament contre le paludisme, fléau du continent noir. Les victimes des médicaments contrefaits se comptent par centaines de milliers chaque année, prises généralement parmi les populations les plus fragiles et démunies de la planète. Dans les pays développés, entre contrôles plus étroits et médicaments remboursés par la Sécurité sociale, le problème se pose moins. Mais dans le monde en développement, où la grande majorité des habitants n'a pas d'accès au système de santé, où les médicaments sont vendus à des prix prohibitifs, le recours aux produits achetés à la sauvette est plus souvent la règle que l'exception. Il est de la responsabilité première des autorités des pays